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Titre du blog : Un peu de moi, un peu de vous pour faire nous
Auteur : madamecritique:madamecritique
Date de création : 30-06-2012
 
posté le 06-07-2012 à 09:52:53

Départ

Dimanche 9 Juillet 2006 , l'Italie va gagner la coupe du monde, Zidane va donner son fameux coup de boule, des milliers de français en larme , rien ne va plus, et Elle va le quitter , encore et toujours.

Une semAine de folie, décidée presque sur un coup de tête.Il avait appelé quelques jours auparavant, s'était inquiété d'être sans nouvelles, Elle ne repondait plus à ses messages, non Elle n'allait pas bien, le moral au fond des baskets ... Il lui a proposé une semaine de "reconnaissance" . Elle a hésité, c'est tellement dur après, mais Elle a immanquablement replongé, Elle ne sait pas lui resister.

Il avait tout préparé pour que cette semaine soit un feu d'artifice continuel . Elle a découvert sa nouvelle antre, elle les a toutes visitées en 20 ans...
Très masculine, pas de touche féminine, depuis longtemps , c'était rassurant, même si elle savait qu'il n'était pas toujours seul, mais il était encore à elle, depuis le temps . Il savait arrêter sa vie l'espace de quelques jours pour les lui consacrer entièrement; Il l'avait toujours fait . Comment ses conquêtes pouvaient-elle supporter les nuits de conversations téléphoniques , les départs précipités, les vacances imposées loin de la maison ?
Elle s'en moquait , il avait été à Elle avant elles. Elle restait la Principale.
La semaine avait été comme toujours à la hauteur, malgré les quelques années qui les avaient séparés, les corps s'étaient vite retrouvés, vite réappris, pour mieux rejouer, rejouir.
Mais c'était le jour du départ, tout a une fin. Ils avaient tous deux dans les yeux depuis le matin , la peur et l'angoisse de cette fin de journée. Pas un mot sur le sujet, de peur d'éclater, essayer de terminer en beauté, sans pleurer.

Ils n'avaient pas pu manger le midi, la boule au fond de l'estomac .. ils la connaissaient pourtant, cette boule.
La première séparation avait 18 ans, c'était presque son anniversaire . Un 17 juin, un aéroport à des milliers de kilomètres de là, des amis, une salle d'embarquement bondée pour accompagner le métropolitain qui retournait à Nice.
Elle n'avait pas pu supporter , de le serrer une dernière fois dans ses bras, elle avait décidé de fuir, elle n'avait pas voulu voir les larmes dans ses yeux, elles pointaient déjà .
Elle avait profité d'un moment d'inattention,avait demandé à un ami de detourner son regard d 'elle pour partir.
On lui avait raconté, il avait cherché avec inquiétude, puis l'ami l'avait pris par l'épaule pour lui expliquer, il avait tempêté, pleuré, essayé de sortir pour la rattrapper, impossible, elle savait qu'une fois en salle d'embarquement on ne sort plus. Le pièges'était refermé , il lui en veut encore de cette première fuite, il dit qu'elle seule le fait pleurer , jamais il n'a pleuré pour une fille, sauf pour elle.
Chaque départ, elle a réussi à s'enfuir.
En cette fin d'après midi lourde, il est sur ses gardes. Leurs deux corps nus, repus de caresse et de jouissance, reposent alanguis sur les draps. Il est fatigué, elle le sait, ils n'ont pas beaucoup dormi, pour tenter d'arrêter un peu le temps.
Il lutte, il ne veut pas qu'elle s'envole. Cette fois il l'etreindra pour lui dire aurevoir. Mais les aurevoirs, elle ne veut pas les entendre de sa bouche, elle veut que le fil qui les relie continue encore et toujours, sans jamais se briser. Il est son amour, son unique amour, son bel amour.
La fatigue a gain de cause , il a les yeux qui se ferment et il s'endort.
Elle le regarde encore et toujours, il est beau, tellement beau , sa peau mate , ses muscles saillants , son corps sec , ses lèvres pulpeuses entr'ouvertes par un souffle qui s'échappe de son corps fatigué.
Elle est allongée, son flanc contre le sien, sa tête soutenue par un bras, de l'autre main elle caresse doucement ce corps qu'elle va quitter, le survoler, l'imprimer, le mémoriser... Dans un souffle elle dépose un baiser sur ses lèvres, il tressaille mais ne s'éveille pas.
Elle se glisse hors de la couche, quitter l'alcôve est un crève-coeur mais il le faut.
Elle attrappe le pantalon qui git au fond du lit, elle n'a pas de dessous, il ne veut pas, elle n'en a jamais avec lui, dernier hommage à leur semaine, elle restera sans jusqu'au retour.
Elle attrappe son T-sHIRT, l'approche de son nez, respire à fond, il a son odeur, elle le vêt, ce sera son souvenir de lui. Elle en prend toujours avant de partir. Elle lui laisse le sien;. Il le gardera près de lui aussi, pour dormir, longtemps, jusqu'à ce qu'il n'ait plus son odeur, comme elle... Ils se connaissent si bien.
Elle descend l'escalier, arrive dans l'entrée où les bagages sont prêts. La grande glace lui renvoie son reflet, les larmes commencent à couler, impossible de les retenir .
La rage se mêle à la peine, devoir partir encore et toujours. Elle sort son rouge à lèvres pour ecrire en lettres de sang "n'ouble jamais que je t'aime" sur le grand miroir, elle sait qu'il va rester longtemps écrit. Elle signe d'un baiser rouge.
Elle jette un dernier regard sur la pièce , attrappe le CD de musique sur lequel ils ont fait l'amour durant ces quelques jours, décroche du mur une photo de lui et la main sur la poignée tremblante enclenche la porte . C'est la fin ... elle le sait...
Elle sort, vite, arrivée à la voiture, les sanglots la secouent, elle est comme un pantin désarticule , il faut qu'elle se reprenne , la route du retour est longue. Elle range ses bagages, s'assoit à la place du conducteur, met le Cd dans le lecteur, appuie sur "play" , ferme les yeux,met le nez dans son T-sHIRT, réouvre les yeux, enclenche la vitesse et c'est le départ. Surtout ne pas réflechir, ne pas se retourner .
Deux heures plus tard, le téléphone portable sonne, elle ne répond pas, elle sait que c'est Lui;Elle sait qu'il pleure, qu'il hurle, qu'il la maudit, que son coeur saigne comme le sien.
Elle ne répond pas, elle ne peut pas, dèjà les larmes sont revenues, incontrolables. Le téléphone resonne et resonne, son impatience transparait jusque dans la sonnerie.
Elle s'arrête sur la première aire, le rappelle, à la première sonnerie il décroche, il hurle sa douleur, veut qu'elle revienne de suite, veut la serrer dans ses bras, lui dit qu'il ne lui pardonnera pas cette nouvelle fuite.
Ele ne peut parler, trop de larmes, trop de sanglots dans la voix, il s'éffondre à son tour, les gens autour la regardent , étonnés de ce chagrin. Elle s'en moque, elle est seule au monde avec lui sur une ligne de téléphone, ils pleurent tous les deux, sans parler, pas besoin de paroles, la douleur est là, identique, ils la connaissent tellement, l'ont tant pratiquée.
Cette douleur lovée au fond du ventre, qui sera la compagne de leurs angoisses, de leurs tristesses, de leur nuits blanches, toujours ravivée, à chaque fois plus forte. Il n'y a pas pire que ces deux coeurs qui saignent.

Ils se rappelleront ce soir, dans la nuit, toute la nuit, quand elle sera rentrée, revenue à sa vie "normale".

 

Commentaires

Cosette le 18-07-2012 à 10:05:19
et je pleure avec eux....