J'ai depuis quelques mois le sentiment d'avoir épuisé mes réserves d'amour, sentiment étrange, sentiment d'être en apesanteur, au dessus de la mélée amoureuse.
Comme si nous avions un capital amour, comme une bouteille de plongée dans le dos, et j'ai tout aspiré, avalé tout mon capital, plus d'amour d'en avoir trop donné.
Ce sentiment d'avoir aimé beaucoup, avec passion, avec mon être, mon âme, mes mains, mon coeur, ma peau, mes veines, et d'être à ce jour sans plus d'amour, sans cet oxygène qui colore la vie...
Peut on faire une overdose d'avoir trop donné, trop aimé, de s'être trop donné ?
Je me sens vide, sans énergie, sans plus rien à donner.
Je vis, mais comme si ce n'était pas moi, sentiment étrange et douloureux qui laisse un goût amer dans la bouche.
Je suis épuisée, fatiguée, anéantie, comme vidée de mes envies, de mes sentiments.
C'est difficile à décrire, mais si particulier.
Parfois j'ai envie de quelquechose mais je ne sais quoi, alors je réflechis
-"ai je faim ? Non"
-"soif ? non "
Je ne sais pas ce dont j'ai envie mais cette envie est là...
Je me pose des questions, le fait d'avoir connu une sexualité hors des normes ferait il que revenir dans la norme m'ennuie, me laisse sans gôut, sans jouissance totale...
Je suis vide, vidée, comme un poisson qui n'a plus ses tripes, je me sens comme un poisson qui n'est plus dans l'eau, je me sens inutile a moi même,un poids pour les autres, a côté de ma plaque, à côté de la vie, je ne sais quel est ce sentiment étrange , je comprends mieux l'expression "être à côté de ses pompes", car j'y suis en plein, à côté de mes souliers...
Je ne veux rien prévoir, rien voir, rien savoir, je vis au jour le jour, essayant de tirer ce que je peux de cette moelle si peu substantifique à ma vie.
Peut on épuiser ce capital que l'on avait, comme si de trop de déceptions mon coeur s'était arrête de battre pour l'amour, et ne battait plus que pour la vie...
J'essaye de donner un peu de soleil à ceux qui m'entourent, comme je le peux, mais pas comme je le voudrais parce que cette fatigue pèse sur mon âme...
Je ne veux plus souffrir et encore moins faire souffrir, je voudrais parfois vivre en ermite, seule, pour ne plus être confrontée aux autres, ce besoin viscéral de me recueillir, de me renfermer sur moi, de mediter, de penser, de me connaître, de me pauser, de me reposer, de vivre juste pour moi sans penser à l'Autre, sans penser à Rien afin peut être de mieux comprendre les autres...
Ma salle d'attente c'était l'entrée de l'appartement de mon praticien.
La première fois je sonnais, j'attendis quelques instants, aucun bruit ne semblait se dégager derrière cette porte quelque peu viellotte de cet immeuble désuet.
Au bout de quleques minutes alors que j'allais rebrousser chemin la porte s'ouvrit sur un personnage tout de sourire construit, il mit de suite une doigt sur sa bouche dans un geste de sagesse toute bridée
Son visage portait tant de sérenite, sa peau parcheminée par le soleil ou les âges accumulés, me plut d'instinct.
Son premier geste fut de caresser mon bras sans un mot et m'inviter à l'attendre par un geste derriere une tenture d'Orient où se dissimulait une partie de sa bibiliothèque ouverte et disponible et afin qu'aucun patient ne se rencontre...
Je n'oublierais pas la douceur de ce geste, le sourire dans ses yeux, la confiance que ce geste m'insuffla dès le premier contact, le calme qui me rassura, cette philosophie qui déjà me convenait dans un dialogue qui commencait en gestes et se termina par le même geste 3 ans plus tard.
Je n'oublierais jamais ces heures passées dans son salon cossu très oriental, il recevait chez lui, les sols en parquet de chêne étouffaient les pas sous de confortables tapis orientaux, il me faisait face dans un canapé similaire à celui dans lequel je m'asseyais, un plaid à la portée si la necessité de s'y peletonner dedans m'avait pris, je me sentais à sa hauteur, comme si nous étions deux amis qui conversaient et non un médecin avec sa patiente.
Nous conversâmes de longues heures, il ne me rassura pas tout le temps, il n'était pas le père qui me manquait, il me disait mes vérités toutes nues même si parfois elles n'étaient pas bonnes et crues à entendre, il m'a permis d'avancer sur le chemin de ma vie, il m'a insufflé en séances hebdomadaires un peu de sa sagesse toute orientale et tellement de confiance et d'"amour" en l'autre.
Je n'oublierais pas la pénombre que diffusait les tentures orientales qui protégaient lourdement les grandes fênetres de l'ardeur des rayons de l'astre solaire, qui étouffaient les bruits de la rue très passante, mais laissaient entrer les odeurs extérieures.
Le thé qu'il buvait longuement, m'en proposant une tasse que je refusais à chaque fois.
Le cahier dans lequel il écrivait parfois alors que je me confiais.
De nombreux tableaux de sa main décoraient magnifiquement ce salon, je me perdais souvent à l'intérieur de cette peinture qui me parlait tant.
De beaux livres d'art posés sur des tables de marqueterie appelaient la main à les ouvrir, caresser, découvrir.
Partout les objets rappelaient ses origines vietnamiennes, des objets d'art ou d'histoire, des statuettes, des photos de ses séjours en ses terres lointaines.
Ma salle d'attente n'était pas commune, mais c'était la mienne...
peinture de Ly Thanh-Thang.
1. christoff le 14-09-2012 à 16:17:08 (site)
La dépression nous fait oublier la sagesse inhérente avec laquelle nous vivons dans ce monde.Tout au long de notre vie, nous concluons a des accords qui vont à l'encontre de ce que nous sommes et nous nous infligeons ainsi des souffrances inutiles.Seul quelques rares individus, nous aides a trouver ce long chemin...
J'adore sa peinture, cette peinture, elle me rappelle quelqu'un qui en ses mots pour soigner ses maux avait le regard fixé sur ces dernières, lors de sa première séance...sourires...
2. christoff le 14-09-2012 à 16:35:04 (site)
Ces chaussures n'inviteraient elles pas a les chausser, pour parcourir le chemin de la vie...? ou bien sont telles là posées tout simplement par celui ou celle qui les avait aux pieds a renoncé a avancer...?
Qu'a t-il eu a l'esprit quand il a peint ce tableau, lui seul connait la réponse.
Un été de montagne russes, des hauts et des bas, des décisions douloureuses mais nécessaires à mon équilibre. Cet automne va voir la perte de mon nom marital, je vais devoir me pauser, (la faute est voulue), besoin de calme, de sérénité que je n'avais plus, de repos, de tranquilité. Une île déserte pour mettre l'esprit et le corps au repos, pour repartir neuve , muer de cette identité qui me colle à la peau depuis quelques décennies.
Un été qui m'a permis de comprendre que cette terre, était ma terre, qu'elle me nourrissait spirituellement, qu'elle était mon havre de paix.
Des retrouvailles avec les odeurs des sous-bois, avec les sapins, l'odeur de la résine, du bois fraichement tronconné, la sciure qui jalonne les sentiers, les coupes des forestiers, le ronronnement des tronconneuses, le bruit des feuilles que l'on foule, la fange noire de cette terre sanctifiée. M a Terre ! J'ai réalisé à quel point elle me manquait, elle m'avait manqué, à quel point il était bon de chausser journellement ses chaussures de montagne et partir sur les sentiers, par les tires, pour arpenter cette vallée si chère à mon coeur, croiser au détour d'une sente un chevreuil, des sangliers, des cerfs, un renard, des blaireaux, le cri d'un coucou qui s'envole, le bruissement du vent dans les grands arbres, le sapin qui pousse sous le frêne quand plus loin le sapin protège le frêne. Les fougères en remise d'animaux sauvages, toutes ces odeurs, toutes ces couleurs que j'avais oublié,ces ombres et lumieres, ces clairs et ces obscurs, la montagne, ma montagne ...
Il a berçé mon enfance, mon adolescence, ma vie de femme...
Je l'ai toujours écouté avec grand plaisir, je l'ai vu en concert à Toulouse il y a quelques années, un cadeau offert par ma meilleure amie, nous étions comme deux gamines de le voir et pourtant elle a 10 ans de moins que moi...
J'écoutais ce matin, celle là, ce sont toutes des petites lecons de vie...
J'écoutais enfant avec mon frère, le curé et nous y jouions avec le missel de ma grand mère qui ne disait rien car elle preferait nous voir lire la messe dans nos jeux que tout autre chose, puis j'ai écouté avec plus d'attentions en grandissant les "j'accuse", les ricains", Monsieur le Président, le France, tous ces engagements, puis sont venus les chansons plus spirituelles commes les rois barbares, une lettre à ma femme , je ne suis pas mort je dors ...
J'aimerais que le jour où je quitterais cette Terre elle m'accompagne vers ma dernière demeure.
Commentaires
1. capri le 18-09-2012 à 19:20:39 (site)
Oui, il est difficile de se réveiller un jour et savoir qu'on a tout perdu, qu'on a échoué...le sentiment d'être abandonnée, rejetée, est difficile à supporter, surtout après avoir cru en un rêve, après avoir voulu tout sacrifier pour le réaliser, et même si on dit "après tout, la vie continue" ce sentiment n'arrête pas de nous torturer. J'aime ce que vous écrivez, bonne chance, et bonne continuation !
2. christoff le 18-09-2012 à 21:24:51 (site)
Non seulement elle l'écrit bien, mais elle le vit très mal, elle vit dans cette souffrance dont je suis l'auteur, le seul et unique responsable, a Moi elle c'est donnée a mille pour cent, chaque jours, chaque heure, chaque seconde, et Moi je l'ai détruite sans même m'en rendre compte, pas une seule fois j'ai eu le courage de lui dire mots, rien n'est sorti pour lui dire tout mes désirs en nos désirs hors norme, tout ce dont aurais fait notre bonheur, il aurait été si peu pour que tout cela devienne vrai, mais elle était seule et Moi absent, je lui ai tout pris de sa vie, de son oxygène, a ce jour beaucoup de douleurs dans nos coeur, si je pouvais me détruire je le ferais sans aucun état d'âme et sans laisser aucunes traces de Moi tellement la honte c'est imprimé sur mon visage...et pourtant je l'Aime comme jamais je n'ai Aimé une femme.Ma vie t'appartient a tout jamais.